L’histoire de la race

Commencons par narrer l’histoire de la création de la race :

Comme son nom l’indique, cette race est originaire de l’ancienne Tchécoslovaquie. Le projet est initié en 1955 par la section cynophile de Libejovice. En ce temps là, les gardes frontières, accompagnés de leurs bergers allemand, surveillent sans relâche les limites du pays. Les rondes sont difficiles, le froid est saisissant, les conditions climatiques éreintent les hommes mais aussi les chiens. Pendant ce temps, les loups, nombreux dans cette zone, parcourent les forêts ; rustiques, endurants et parfaitement adaptés a leur milieu. L’idée du croisement entre le berger allemand et le loup née de l’esprit du colonel Karel Hartl, ingénieur et biologiste de formation. Lui et son équipe se lancent dans l’aventure avec les premiers accouplements expérimentaux. Le but recherché : améliorer les performances physiques de leurs bergers allemand. Combiner les qualités du Berger Allemand (docilité, aptitude de dressage au travail, fidélité) et celle du Loup des Carpates (endurance, résistance, agilité, sens développés) Cela dit, les premiers essais sont des échecs, la louve Brita, rebelle, ne se laisse pas faire ; elle attaque la plupart des mâles qui lui sont proposés. C’est en 1958, 3 ans plus tard, que naîtra la première portée d’hybride, composée de 5 chiots de première génération, entre Brita et le berger allemand Cezar Z Brezoveho, le premier mâle qu’elle accepta. Une autre portée naîtra en 1960 entre cette même louve et le berger allemand Kurt Z Vaclavky.
Brita & Cezar
Bety z Pohraniční stráže (F1) (fille de Brita et Cezar)

Il y avait des doutes quant à la réussite de tel croisement, notamment concernant la fertilité des descendants entre la louve et le chien, deux animaux d’espèce différente.

Ces F1* seront eux même reproduits avec d’autres bergers allemand pour créer une génération de F2*. Les doutes sur la fertilité s’envolèrent. La descendance de ces deux accouplements fît l’objet d’études et de tests d’aptitude. D’autres loups participèrent aux programmes, notamment le loup Argo en 1968 accouplé avec la femelle berger allemand Astra. Ces essais montrèrent qu’il est possible d’obtenir et d’élever une descendance aussi bien par le croisement louve/chien que par le croisement loup/chienne. Durant les 25 années qui suivirent, la race ne cessa d’être améliorée et fixée par ces différents accouplements. Dans les années 70, les tchèques n’étant pas satisfait des chiens-loups, ils décident d’arrêter l’expérience ; les chiens-loups sont en grande partie envoyés en Slovaquie. Là- bas, le Major Frantisek Rosik va prendre en charge le programme. Un troisième loup est alors integré, le loup Sarik ; qui va saillir deux femelles hybride de troisième génération. Cet accouplement fut décisif pour le futur de la race, car c’est un de ses descendants : Rep z Pohranicni, qui deviendra un véritable pilier génétique, utilisé pour fixer la race. Il est considéré alors comme le sujet “ type” recherché.
Le loup Argo
Le loup Sarik

En 1982 des sujets slovaque repartent en république tchèque. La race est reconnu par le comité des associations d’éleveurs et un club de race va alors se constituer à Brno par lequel un programme d’elevage est mis en place.

En 1983, le quatrième et dernier apport de loup a lieu avec l’accouplement entre le berger allemand Bojar von Schotterhof et la Louve Ledjy provenant d’un parc zoologique. De cet union naitra Kazan trés utilisé pour fixer la race.
Kazan z Pohraniční stráže (F1)

En 1993, la tchécoslovaquie se sépare, la slovaquie d’un coté et la république de l’autre, ayant chacun des spécimens et des élevages de chiens-loups tchecoslovaque.

Le 28 avril 1994, la FCI** reconnaît officiellement la race, ce sont les slovaques qui en deviennent responsables. Le 2 janvier 1997, Alfa est le premier chien-loup tchecoslovaque à être enregistré au LOF (Livre des Origine Francais) Pour résumer: Le chien-loup tchecsolovaque est une race très récente, constituée de 4 Loups et de nombreux bergers allemand. Par ces nombreux spécimens fondateurs, la race bénéficie d’une solide base génétique. Toute cette histoire ayant permis la création de la race est passionnante mais il ne faut pas s’y tromper. Aujourd’hui, le CLT est un chien, pas un loup. Les croisements avec des loups dans sa généalogie sont anciens et ses gènes de loups sont minoritaires. Juste assez présent pour lui procurer cette apparence lupoïde qui interpelle tant mais suffisamment lointaine pour faire du CLT un animal domestique adapté à la vie auprès des humains. Cet équilibre là n’était pas une évidence, et ne coule pas de source. Et c’est après des decennies de sélection par de nombreux éleveurs passionnés que nous avons enfin obtenu une race stable reunissant les qualités de ses ancêtres : la docilité du chien et la rusticité du loup. La leçon que cette histoire m’inspire : Nous, éleveurs, avons hérité du travail de nos prédécesseurs et avons en charge de continuer à faire évoluer la race, dans le respect du standard mis en place.
*F1 & F2 : Hybrides respectivement de première et deuxième génération. **FCI : Fédération Cynologique Internationnal